lundi 17 juin 2013

JEUX DE GUERRE: Chapitre IV: Acteurs

Ryan essayait de chasser d’un battement de paupières les éclairs bleus qui lui blessaient les yeux, alors que l’équipe de télévision installait ses projecteurs. Il ne comprenait pas pourquoi les photographes de presse n’attendaient pas le puissant éclairage de la télévision, mais ne se soucia pas de le demander. Tout le monde était assez gentil pour s’enquérir de son état, mais, à part un arrêt respiratoire, rien n’aurait pu les faire sortir de la chambre.
Cela aurait pu être pire, bien entendu. Le Dr Scott avait déclaré assez catégoriquement à la presse que son patient avait besoin de repos et l’infirmière, Kittiwake, était là pour surveiller les journalistes. L’accès de la presse se limitait donc au nombre de personnes pouvant entrer en une fois dans la pièce, en comptant l’équipe de télévision. C’était ce que Jack avait pu obtenir de mieux.
Les journaux du matin — Ryan avait parcouru le Times et le Daily Telegraph – racontaient qu’il était un ancien (ou actuel) employé de la Central Intelligence Agency, ce qui était techniquement faux, et qu’il ne s’était d’ailleurs pas attendu à devenir un personnage public. Il évoqua les gens de Langley et leur satisfaction quand il leur avait proposé le « piège du canari » pour résoudre le problème des fuites d’information. Mais je n’ai vraiment pas besoin de ce genre de complications, se dit Jack.
— Prêt par ici, annonça l’éclairagiste.
Quelques instants plus tard il le prouva en braquant trois puissants projecteurs qui firent larmoyer Jack.
— C’est terriblement aveuglant, hein ? dit un journaliste compatissant alors que les photographes continuaient leur ballet de flashes électroniques.
— Vous pouvez le dire ! grogna Jack, et on accrocha un micro à deux têtes à sa robe de chambre.
— Dites quelque chose, s’il vous plaît, demanda l’ingénieur du son,
— Comment trouvez-vous votre premier séjour à Londres, monsieur Ryan ?
— Ma foi, j’espère bien ne pas entendre de plaintes sur la défection des touristes américains à cause de la panique provoquée par le problème terroriste ! répliqua Ryan en riant.
— Vraiment ! s’exclama le journaliste en riant aussi. O.K. ?
Le cadreur et l’ingénieur du son se déclarèrent prêts.
Ryan but un peu de son thé et s’assura que le cendrier n’était pas dans le champ. Un journaliste de la presse écrite racontait une plaisanterie à un confrère. Il y avait là un correspondant télé de la NBC et le correspondant permanent à Londres du Washington Post, mais tous les autres étaient britanniques. Il était convenu que les autres médias recevraient communication de l’enregistrement. Il n’y avait vraiment pas assez de place pour une véritable conférence de presse. La caméra se mit à tourner.
On lui posa les questions habituelles. L’objectif s’attarda sur le bras de Ryan, accroché à son portique. Il était certain que cette séquence serait passée avec sa voix off racontant l’attentat. Il agita ses doigts pour la caméra.
— Selon certains rapports de la presse américaine et britannique, monsieur Ryan, vous seriez un employé de la Central Intelligence Agency.
— J’ai lu ça ce matin et j’en ai été le premier surpris, répondit-il en souriant. Quelqu’un a commis une erreur. Je ne suis pas assez joli garçon pour être un espion.
— Vous niez donc ces rapports ? demanda le Daily Mirror.
— Absolument. J’enseigne l’histoire à l’Académie navale à Annapolis. C’est assez facile à vérifier. J’ai encore fait passer un examen la semaine dernière à mes élèves.
— Cette nouvelle venait de sources haut placées, fît observer le Post.
— Vous devriez savoir qu’il arrive même aux personnes haut placées de se tromper. Je crois que c’est le cas. Je fais de la recherche. J’écris des livres. Je donne des conférences. J’en ai donnée un jour une à la CIA, mais elle n’avait rien de secret. Je peux vous en communiquer une copie. C’est peut-être là l’origine de ce rapport.
— Est-ce que cela vous plaît d’être un personnage public ? demanda un Britannique de la télévision.
Merci de changer de sujet.
— Je crois pouvoir m’en passer. Et je ne suis pas une vedette de cinéma. Encore une fois, pas assez joli garçon.
— Vous êtes trop modeste, monsieur Ryan, susurra une journaliste.
— Attention à ce que vous dites ! Ma femme verra probablement cette émission, plaisanta-t-il, et tout le monde rit. Avec tout le respect que je vous dois, mesdames et messieurs, je serai très heureux de replonger dans l’obscurité.
— Vous croyez ça possible ?
— Ça dépendra de vous tous, madame.
— Que pensez-vous que nous devions faire de ce terroriste, Sean Miller ? demanda le Times.
— C’est à un juge et à un jury d’en décider, pas à moi.
— Pensez-vous que nous devrions rétablir la peine capitale chez nous ?
— C’est l’affaire de vos représentants élus. Vous vivez dans une démocratie, n’est-ce pas ? Les personnes que vous élisez sont censées faire ce que les électeurs leur demandent.
Ce n’est pas toujours ainsi que ça marche, mais c’est la théorie...
— Mais vous êtes favorable à cette idée ? insista le Times.
— Selon les cas et selon la juridiction, oui. C’est à débattre. D’ailleurs, je ne suis pas expert en justice criminelle. Mon père était un policier, mais je ne suis qu’un historien.
— Et quel est votre avis, en qualité d’Irlando-Américain, sur les troubles ? demanda le Telegraph.
— Nous avons assez de problèmes en Amérique pour que je perde mon temps à examiner les vôtres.
— Vous avez sûrement une suggestion ? Tous les Américains en ont.
— J’enseigne l’histoire. Je laisse les autres la faire. Comme les journalistes. Je critique les gens longtemps après qu’ils ont pris des décisions. Cela ne veut pas dire que je sache ce qu’il faut faire aujourd’hui.
— Mais vous avez su que faire, mardi, fit observer le Times, et Ryan prit un air modeste.
— Oui, sans doute, dit Ryan à la télévision.
— Foutu salaud, marmonna Kevin Joseph O’Donnel dans son verre de Guinness brune.
Sa base d’opérations était beaucoup plus éloignée de la frontière qu’on ne le soupçonnait. L’Irlande est un petit pays et les distances y sont courtes. Ses anciens camarades de la PIRA avaient des maisons sûres tout le long de la frontière, commodes pour des voyages rapides de l’autre côté. Mais pas O’Donnell, pour de nombreuses raisons. D’abord, les Britanniques avaient dans la région leurs indicateurs et leurs agents secrets, rôdant sans cesse, des maraudeurs du SAS qui ne répugnaient pas à un enlèvement rapide, ou à un meurtre discret, des personnes qui avaient eu le tort de se faire trop bien connaître. La PIRA elle-même était un danger sérieux et elle surveillait de près la frontière. Sa figure, malgré quelques modifications dues à la chirurgie plastique et ses cheveux teints, était encore assez reconnaissable pour un ancien camarade. Mais pas ici. Et la frontière n’était pas vraiment loin, dans un pays long de moins de cinq cents kilomètres.
Il se détourna du téléviseur Sony et contempla la mer obscure à travers les petits carreaux sertis de plomb. Il aperçut les feux de position d’un ferry-boat arrivant du Havre. La vue était toujours plaisante. Même par tempête, malgré l’horizon bouché, car on pouvait alors savourer le spectacle des vagues grises venant s’écraser contre les falaises. Ce soir, le temps froid et clair lui présentait un superbe panorama étoilé avec un navire marchand naviguant vers l’est à destination d’un port inconnu. O’Donnell était heureux que cette ancienne demeure, qu’il avait pu acheter sur les hauteurs par l’intermédiaire d’une entreprise fantoche, ait jadis appartenu à un lord anglais. La société libérale était décidément bien vulnérable. Une société d’imbéciles superficiels, dépourvus de conscience politique. Des imbéciles autodestructeurs, ignorants, qui avaient mérité leur propre destruction. Un jour, ils disparaîtraient tous, tout comme ces navires glissaient au-dessous de l’horizon. O’Donnell en était sûr. Il se retourna vers l’écran de télévision.
Ce Ryan était toujours là, il dialoguait aimablement avec les idiots de la presse. Foutu héros. Pourquoi est-ce qu’il a fallu que tu fourres ton nez là-dedans. Par réflexe, estima O’Donnell. Foutu crétin. Tu ne savais même pas ce qui se passait, hein ? Aucun de vous ne le sait.
Foutus Américains avec tout leur argent et leur arrogance, toutes leurs idées du bien et du mal, leur vision enfantine du destin de l’Irlande. Comme des enfants habillés pour leur première communion. Si purs. Si naïfs. Si inutiles avec leurs petites aumônes. En dépit de toutes les plaintes des Britanniques à propos du NORAID, O’Donnell savait que la PIRA n’avait même pas touché un million de dollars des Américains en trois ans. Tout ce que l’Amérique savait de l’Irlande tenait à quelques films, quelques chansons à demi oubliées, pour la Saint-Patrick, et une bouteille de whisky à l’occasion. Que connaissait-elle de la vie dans l’Ulster, de l’oppression impérialiste, de la sujétion de l’Irlande à un empire britannique en décomposition qui, lui-même, était l’esclave de l’empire américain ? Que savait-elle de tout cela ? Mais nous ne pouvons pas offenser les Américains, disaient ceux de la PIRA. Le chef de l’ULA vida son verre de bière et le posa sur le guéridon.
La Cause n’exigeait pas grand-chose, dans le fond. Un objectif idéologique clair. Quelques bons éléments, les amis nécessaires, et l’accès aux ressources qu’il fallait. C’était tout. Pourquoi tout compliquer avec de foutus Américains ? Ou avec une branche politique publique... le Sinn Fein élisant des représentants au parlement, quelle sottise ! Ils attendaient, ils espéraient être acceptés par les impérialistes britanniques... Cette idéologie avait fait faillite. Et puis il y avait trop de monde à la PIRA. Quand les Brits en arrêtaient quelques-uns, il y en avait toujours pour tourner casaque et devenir indicateurs, pour dénoncer leurs camarades. L’engagement nécessaire pour ce travail exigeait une élite peu nombreuse. O’Donnell la possédait, certainement. Et il avait aussi son plan. Ce Ryan n’y avait rien changé, se rappela-t-il avec une ombre de sourire.
— Ce sacré bâtard est bougrement content de lui, hein ?
O’Donnell tourna la tête et prit la nouvelle bouteille de Guinness qui lui était tendue. Il en remplit son verre.
— Sean aurait dû surveiller son dos. Et alors ce foutu héros aurait été un cadavre.
Et la mission aurait réussi. Merde.
— Nous pouvons quand même faire quelque chose, chef.
O’Donnell secoua la tête.
— Ne gaspillons pas notre énergie. La PIRA fait ça depuis dix ans et on voit où ça l’a menée.
— Mais s’il est de la CIA ? Et si nous avons été infiltrés, s’il était là pour...
— Ne sois pas stupide ! S’ils avaient été prévenus, tous les flics de Londres auraient été là en civil, à nous attendre.
Et je l’aurais su, pensa-t-il, mais il ne le dit pas. Un seul autre membre de l’Organisation était au courant, et il était à Londres.
— Ils ont eu un coup de chance, Michael. Rien qu’un hasard.
Comme tous les Irlandais, il croyait encore à la chance. L’idéologie n’y pouvait rien changer. Ce riche Yankee en avait eu beaucoup. N’importe quel hasard, une crevaison de pneu, une batterie de radio défectueuse, un orage soudain aurait aussi pu faire échouer l’opération. Et son avantage sur l’autre camp c’était que les autres avaient besoin d’avoir de la chance en permanence. Pour O’Donnell, il suffisait d’une seule fois. Il réfléchit à ce qu’il venait de voir à la télévision et jugea que Ryan ne valait pas de faire un effort.
Ne pas offenser les Américains, repensa-t-il, avec étonnement cette fois. Pourquoi ? N’étaient-ils pas aussi des ennemis ? Mon garçon, voilà que tu penses comme ces imbéciles de VIRA provisoire. La patience est la plus importante vertu du vrai révolutionnaire. On doit attendre le bon moment... et frapper d’une manière décisive.
Il attendit son prochain rapport de renseignements.
La librairie d’ouvrages rares se trouvait dans Burlington Arcade, un passage vieux d’un siècle, bordé de boutiques, dans la partie la plus élégante de Piccadilly. Elle était serrée entre un des grands tailleurs de Londres et un joaillier. On y respirait l’odeur particulière qui attire les bibliophiles aussi sûrement que celle du nectar attire l’abeille, un mélange de poussière, de moisissure, de vieux papier et de cuir. La jeunesse du libraire contrastait avec le décor. Les épaules de son costume étaient saupoudrées de poussière. Il commençait chaque journée en passant un plumeau sur les rayonnages et les livres en amassaient toujours. Il avait fini par y prendre goût. Il adorait l’ambiance du magasin. Son commerce était assez réduit, mais lucratif, moins dépendant des touristes que d’un nombre discret de clients réguliers de la haute société londonienne. Dennis Cooley voyageait aussi beaucoup et prenait souvent l’avion à l’improviste pour participer à la vente aux enchères de la bibliothèque de quelque gentleman décédé, laissant la librairie aux bons soins d’une jeune personne qui aurait été fort jolie si elle s’en était donné la peine. Beatrix avait congé ce jour-là.
M. Cooley avait un ancien bureau de teck assorti à l’ensemble du magasin et même un vieux fauteuil à pivot sans coussin pour prouver aux clients que rien, dans la boutique, n’était moderne. Pas de calculatrices électroniques : un vieux registre remontant aux années 1930 qui représentait les archives de milliers de ventes, et pour catalogue de simples fiches dans des boîtes en bois, l’une avec la liste des titres, l’autre des auteurs. Toutes les écritures se faisaient à la main avec un stylo à plume d’or. La seule touche moderne était un écriteau priant de ne pas fumer. L’odeur du tabac aurait risqué de gâter l’arôme particulier de la boutique. Le papier à lettres de la maison portait la mention « By appointment to... » et les blasons de quatre membres de la famille royale. Le passage n’était qu’à dix minutes à pied de Buckingham.
La porte d’entrée vitrée était surmontée d’une petite sonnette d’argent vieille de cent ans. Elle tinta.
— Bonjour, monsieur Cooley.
— Bonjour, monsieur, répondit Dennis, en se levant, à l’un de ses habitués, avec un accent si neutre que les avis de ses clients sur son origine divergeaient. J’ai reçu la première édition de Defoe. Celle au sujet de laquelle vous m’avez appelé au début de la semaine. Elle est arrivée hier.
— Est-ce que c’est celle de la collection de Cork, dont vous m’aviez parlé ?
— Non, monsieur. Je crois qu’elle vient de la succession de sir John Claggett, près de Swaffham Prior. Je l’ai trouvée chez Hawstead à Cambridge.
— Une première édition ?
— Absolument, monsieur.
Le libraire ne manifesta aucune réaction. Selon le code convenu, quand le client citait un comté de la république d’Irlande, il indiquait la destination de son renseignement ; et en s’enquérant de l’édition de l’ouvrage, il indiquait l’importance de ce renseignement. Cooley faisait de fréquents voyages en Irlande, tant du Nord que du Sud, pour acheter des livres, dans des ventes aux enchères ou chez des libraires de campagne. Il prit le livre sur une étagère et le posa sur son bureau. Le client l’ouvrit avec précaution et fit courir son index le long de la page de titre.
— À l’ère des livres de poche et des livres à moitié cartonnés...
— Certes, monsieur.
Cooley hocha la tête. L’amour des deux hommes pour les belles reliures était sincère.
— Le cuir est dans un état remarquable, dit le libraire et son visiteur acquiesça.
Il me le faut. Combien ?
Cooley ne répondit pas, mais retira une carte d’un fichier et la remit au client, qui n’y jeta qu’un coup d’oeil.
Marché conclu.
Le client s’assit sur l’unique autre chaise et ouvrit sa serviette.
— J’ai un autre travail pour vous. C’est un des premiers exemplaires du Vicaire de Wakefield. Je l’ai trouvé le mois dernier dans une petite boutique de Cornouailles.
Il remit le livre à Cooley, qui jugea instantanément de son état.
— Scandaleux !
— Est-ce que votre bonhomme pourra le restaurer ?
— Je ne sais pas...
Le cuir était fendillé, des pages étaient cornées, la reliure tombait presque en morceaux.
— J’ai bien peur que le grenier où on l’a trouvé avait des fuites au toit, dit négligemment le client.
— Ah ?
L’information était si importante ? Cooley redressa la tête.
— Un tragique gaspillage.
— Comment l’expliquer autrement ?
— Je vais voir ce que je peux faire. Mais je ne suis pas un faiseur de miracles, vous savez.
Est-ce vraiment si important f
— Je comprends. Malgré tout, faites de votre mieux.
Oui, c’est très important.
— Naturellement, monsieur.
Cooley ouvrit un tiroir de son bureau et y prit sa caisse. Ce client payait toujours en espèces. Naturellement. Il tira son portefeuille de sa poche intérieure et compta les billets de cinquante livres. Cooley les recompta puis il plaça le Defoe dans une solide boîte en carton qu’il attacha avec de la ficelle. Pas de sacs en plastique dans ce magasin Vendeur et acheteur se serrèrent la main. L’affaire était faite. Le client sortit, se dirigea vers Piccadilly et tourna vers l’ouest en direction de Green Park et du Palais.
Cooley prit l’enveloppe cachée dans le vieux livre et la rangea dans un tiroir. Il inscrivit la vente dans son registre puis téléphona à son agence de voyages afin de retenir une place d’avion pour Cork, où il rencontrerait un de ses confrères spécialiste de livres anciens et déjeunerait à l’Old Bridge Restaurant avant de prendre son vol de retour. L’idée ne lui vint pas d’ouvrir l’enveloppe. Ce n’était pas son travail. Moins il en savait, moins il serait vulnérable s’il était pris.
— Salut, docteur Ryan !
C’était une voix américaine avec un accent de Boston tel que Jack en avait entendu à l’université. Cela lui fit plaisir. L’homme avait quarante ans passés, une carrure athlétique et des cheveux bruns clairsemés. Il portait une boîte de fleurs sous le bras. Qui que ce soit, le factionnaire de la police lui avait ouvert la porte.
— Salut. À qui ai-je l’honneur ?
— Dan Murray. Je suis l’attaché juridique de l’ambassade. FBI, expliqua-t-il. Désolé de ne pas avoir pu passer plus tôt, mais nous avons été un peu bousculés.
Murray montra ses papiers au flic assis au chevet de Ryan ; Tony Wilson n’était pas de service. Le policier s’excusa. Murray prit sa chaise.
— Vous avez bonne mine, l’as.
— Vous auriez pu laisser les fleurs à la réception.
Ryan embrassa la chambre d’un geste. En dépit de tous ses efforts, les murs disparaissaient sous les roses.
— Ouais, j’y ai bien pensé. Comment est la croûte ?
— La croûte d’hôpital, c’est de la croûte d’hôpital.
— C’est ce que j’ai pensé aussi.
Murray défit le ruban rouge et ouvrit le carton.
— Qu’est-ce que vous diriez d’un burger géant avec des frites ? Vous avez un choix de milk-shakes à la vanille et au chocolat Jack éclata de rire et s’empara du carton.
— Ça fait trois ans que je suis ici, dit Murray. De temps en temps, il faut que je fasse un saut dans une boîte à fast-food pour me rappeler d’où je viens. On se lasse du gigot bouilli. Mais la bière locale n’est pas mauvaise, je dois dire. J’en aurais bien apporté aussi, mais quoi... vous savez.
— Vous venez de vous faire un ami pour la vie, monsieur Murray, même sans la bière.
— Dan.
— Jack.
Ryan fut tenté de ne faire que deux bouchées du hamburger, de peur qu’une infirmière surgisse et pique une crise de nerfs. Non, décida-t-il. Savoure-le.
Il choisit le milk-shake à la vanille.
— Les types d’ici me disent que vous avez battu des records pour m’identifier.
— Rien de sensationnel, dit Murray en plongeant un chalumeau dans le lait au chocolat. Au fait, je vous transmets les bons voeux de l’ambassadeur. Il voulait venir, mais ils ont un grand raout, ce soir. Et mes copains du fond du couloir vous saluent bien, eux aussi.
— Qui ça, au fond du couloir ?
— Les gens pour qui vous n’avez jamais travaillé.
L’agent du FBI haussa les sourcils et Jack mangea quelques frites.
— Qui diable a fait courir cette histoire ?
— Washington. Un journaliste déjeunait avec un assistant quelconque, peu importe qui, pas ? Ils parlent tous beaucoup trop. Il a dû se souvenir de votre nom au dos du dernier rapport et il n’a pas été fichu de la boucler. Excuses de Langley, qu’ils m’ont dit de vous transmettre. J’ai regardé la télé. Vous avez bien éludé le truc.
— J’ai dit la vérité. Tout juste. Tous les chèques me venaient de la Mitre Corporation. Un peu de gymnastique comptable et c’est la Mitre qui avait le contrat de consultation.
— Mais je crois savoir que vous passiez votre temps à Langley ?
— Ouais, un petit cagibi au deuxième étage avec un bureau, un terminal d’ordinateur et un bloc-notes. Vous y avez déjà été ?
Murray sourit.
— Une ou deux fois. Moi aussi, je fais dans le terrorisme. Le Bureau a un bien meilleur décorateur. Ça aide d’avoir un département des relations publiques, n’est-ce pas ? dit-il en caricaturant l’accent de Londres. J’ai vu une copie du rapport. Joli travail. Quelle partie est de vous ?
— Presque tout. Ce n’était pas tellement dur. J’ai simplement tout reconsidéré sous un nouvel angle.
— Il a été refilé aux British. Il est arrivé ici il y a deux mois, pour le Secret Intelligence Service. Il paraît qu’ils l’ont apprécié.
— Alors leurs flics sont au courant.
— Je n’en suis pas sûr. Enfin... il est permis de supposer qu’ils le sont maintenant. Owens en tout cas.
— Et Ashley aussi.
— Il est un peu pète-sec, mais drôlement intelligent. Il est Cinq.
— Il est quoi ?
C’était un terme que Ryan ne connaissait pas.
— Il fait partie du MI-5, le service secret militaire, la sécurité. Nous les appelons simplement Cinq. Comme ça, on se donne l’illusion d’être dans le coup.
— C’est bien l’effet qu’il m’a fait. Les deux autres ont débuté dans la rue, comme flics, et ça se voit.
— Quelques personnes ont trouvé ça plutôt curieux, que l’auteur d’Agents et Agences se retrouve en plein milieu d’une opé terroriste. C’est pour ça qu’Ashley s’est ramené... Vous n’imaginez pas toutes les coïncidences qu’il y a dans ce métier. Comme vous et moi, tenez.
— Je sais que vous êtes de Nouvelle-Angleterre... ne me dites rien, Boston College ?
— Hé, j’ai toujours voulu être un agent du FBI. C’était BC ou Holy Cross, pas vrai ?
Ryan s’adossa confortablement et aspira son shake au chalumeau. C’était délicieux.
— Qu’est-ce que nous savons de ces gars de l’ULA ? demanda-t-il. Je n’ai pas vu grand-chose sur eux à Langley.
— Nous n’en savons pas lourd. Le chef est un nommé Kevin O’Donnell. Un ancien de la PIRA. Les British travaillent sans cesse pour infiltrer l’Organisation. Il paraît qu’O’Donnel s’est laissé un peu emporter en faisant le ménage dans les rangs et qu’il a réussi à se cavaler un poil avant qu’on lui administre une bonne migraine. Il a tout bonnement disparu et on ne l’a pas revu. Quelques vagues rapports, par exemple qu’il aurait passé un peu de temps en Libye, qu’il serait peut-être retourné en Ulster avec une nouvelle gueule, qu’il aurait énormément d’argent – venu d’où ? — à sa disposition. Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que c’est un bougre salement dangereux. Son organisation ?
Murray posa son milk-shake.
— Elle est nécessairement réduite, probablement moins de trente personnes. Nous pensons qu’il a joué un rôle dans l’évasion de Long Kesh, l’été dernier. Onze militants du noyau dur se sont évadés. La RUC – c’est la Royal Ulster Constabulary, la police locale – en a rattrapé un deux jours plus tard et il a révélé que six des onze avaient fui dans le Sud, probablement dans l’organisation de Kevin. Il en était un peu furieux. Ils étaient censés retourner au bercail de la PIRA mais quelqu’un les en a détournés. De très mauvais garçons, un total de quinze meurtres à eux six. Celui que vous avez tué est le seul a avoir refait surface depuis.
— Ils sont si forts que ça ? demanda Ryan.
— Vous rigolez ? Les types de la PIRA sont les meilleurs terroristes du monde, à moins qu’on considère les fumiers au Liban et là il s’agit surtout de groupes familiaux. Bien organisés, bien armés, et ils y croient, si vous voyez ce que je veux dire. Ils ont vraiment la foi. Le degré d’engagement de ces garçons pour la Cause est quelque chose qu’il faut voir pour le croire.
— Vous l’avez vu ?
— Un peu. J’ai pu assister à des interrogatoires, de l’autre côté d’une glace sans tain, bien sûr. Un des types refusait même de donner son nom et il a tenu huit jours ! Il restait assis là comme le sphinx. Écoutez, j’ai traqué des voleurs de banque, des kidnappeurs, des mafiosi, des espions, tout ce que vous voulez. Ces gars sont de vrais pros. Ceux de la PIRA sont peut-être cinq cents et la RUC s’estime heureuse d’en inculper une poignée par an. Ils ont une loi d’omerta qui impressionnerait de vieux Siciliens. Mais au moins la police a quelques noms, parmi eux. Pour l’ULA, nous avons un ou deux noms, quelques photos et c’est tout. C’est presque comme les gars du Djihad islamique. On ne les reconnaît que d’après ce qu’ils font.
— Qu’est-ce qu’ils font ?
— Ils ont l’air de se spécialiser dans le haut risque. Ils ont mis plus d’un an à confirmer leur existence : nous pensions que ce n’était qu’un groupe spécial d’action de la PIRA. Ils sont une anomalie, dans le milieu terroriste. Ils ne publient pas de communiqués, ils ne revendiquent rien, ils ne recherchent pas la publicité. Ils commettent de gros coups et ils brouillent leurs pistes comme c’est pas possible. Il faut des ressources pour faire ça. Quelqu’un les finance dans les grandes largeurs. Ils ont été identifiés pour neuf opérations dont nous sommes sûrs, peut-être deux autres. Trois seulement de leurs coups ont échoué. Ils ont manqué l’assassinat d’un juge à Londonderry parce que la grenade RPG n’a pas explosé, mais ils ont tout de même eu le garde du corps. Ils ont tenté d’attaquer une caserne de police en février dernier. Quelqu’un les a vus se préparer et a téléphoné, mais les salauds devaient être à l’écoute de la radio de la police, ils ont filé avant l’arrivée de la cavalerie. Les flics ont trouvé un mortier de 82 mm et une caisse de munitions, explosif surpuissant et phosphore blanc, pour être précis. Et pour le troisième, vous êtes intervenu. Ils s’enhardissent, ces fumiers. D’un autre côté, nous en avons un, maintenant.

— Nous ? demanda Ryan avec curiosité. Ce n’est pas notre combat.
— Nous parlons terroristes, Jack. Tout le monde les veut. Nous échangeons des renseignements avec le Yard, tous les jours. Bref, le type qu’ils ont dans le trou en ce moment, ils vont continuer de s’en occuper. Ils ont une prise sur celui-là. L’ULA est une unité paria. Ses copains de la PIRA et de l’INLA vont le laisser tomber et il le sait. Il ira dans une prison de sécurité maximale, probablement celle de l’île de Wight, peuplée de véritables mauvais julots. Tous ne sont pas des politiques et les bandits et assassins ordinaires vont probablement... Ce type s’est attaqué à la famille royale, qu’ici tout le monde sans exception adore. Il va mener une vie salement dure. Vous croyez que les gardiens vont se casser le cul pour veiller à sa petite santé ? Il va apprendre un sport tout nouveau. Ça s’appelle la survie. Quand il y aura goûté, on lui reparlera. Tôt ou tard, ce môme va devoir décider du sérieux de son engagement. Il pourrait bien craquer un peu. Ça s’est vu. C’est là-dessus que nous misons. Les mauvais garçons ont l’initiative. S’ils commettent une erreur, s’ils nous donnent une occasion, nous pouvons agir.
Ryan hocha la tête.
— Oui, c’est tout le secret.
— C’est ça. Sans renseignements, nous sommes handicapés. Nous ne pouvons que tourner en rond en espérant un coup de chance. Mais qu’on nous donne un seul petit renseignement solide, et nous leur faisons crouler le monde sur la tête. C’est comme pour démolir un mur de brique. Le plus dur, c’est de déloger la première brique.
— Et où obtiennent-ils leurs renseignements, eux ?
— On m’a dit que vous aviez pigé ça, répondit Murray avec un sourire.
— Je ne crois pas que c’était un hasard. Quelqu’un a dû les tuyauter. Ils ont frappé un objectif roulant au cours d’une sortie imprévue.
— Comment diable savez-vous ça ?
— Peu importe. Les gens causent. Qui savait qu’ils devaient sortir ?
— On enquête. Le plus intéressant, c’est la raison pour laquelle ils sortaient. Naturellement, il se peut que ce ne soit qu’une coïncidence. Le prince est régulièrement mis au courant des affaires de politique et de sécurité nationale, tout comme la reine. Il y a eu du nouveau dans la situation
irlandaise, des négociations entre Londres et Dublin. Il se rendait au briefing. C’est tout ce que je peux vous dire, nous n’en savons pas plus long. Il se peut que ce soit une coïncidence, mais vous avez deviné le plus important : c’était une visite imprévue et quelqu’un les a quand même prévenus, pour l’embuscade. Il n’y a pas d’autre explication. Vous considérerez ça comme de l’information top secret, Ryan. Ça ne sortira pas de cette chambre.
Jack acquiesça.
— Pas de problème. C’était un enlèvement, n’est-ce pas ?
L’agent du FBI grogna et secoua la tête.
— Les preuves penchent dans ce sens, certes, seulement ces individus n’ont jamais encore tenté ça. Ça rend les procédures d’évasion encore plus complexes, mais ces types de l’ULA ont toujours eu leurs routes de fuite bien préparées à l’avance. Je dirais que vous avez probablement raison, mais que ce n’est pas aussi net et précis que vous croyez. Owens et Taylor n’en sont pas absolument sûrs et notre ami ne parle pas.
— Ils n’ont jamais fait de déclaration publique, disiez-vous ? Est-ce que ce coup-là n’aurait pas été destiné à les rendre célèbres d’un coup ? Leur première revendication, la rendre vraiment spectaculaire, murmura Ryan d’une voix réfléchie.
— Ça se défend, reconnut Murray. Ça les aurait certainement mis en vedette. Je vous disais que nos tuyaux sur ces types sont plutôt minces. Nous n’avons pas encore bien deviné ce qu’ils cherchent. Chacune de leurs opérations a... comment dire ? Il semble y avoir un motif, là, mais allez savoir lequel ! On dirait presque que les retombées politiques ne nous visent pas du tout, mais alors ça n’a aucun sens... il est vrai que ça n’a pas besoin d’en avoir. Ce n’est pas facile de psychanalyser le cerveau terroriste.
— Est-ce qu’il y a un risque qu’ils me visent ou...
Murray secoua vivement la tête.
— Peu probable, et la sécurité est plutôt serrée. Vous savez qui promène votre femme et votre fille un peu partout ?
— SAS, j’ai demandé.
— Ce garçon fait partie de l’équipe olympique et il a même une certaine expérience du combat. Le DPG d’escorte joue dans la même division et partout où ils iront ils auront une voiture de poursuite. La sécurité est assez impressionnante pour vous aussi. Vous pouvez vous détendre. Et une fois que vous serez rentré à la maison, tout ça sera derrière vous. Jamais aucun de ces groupes n’a opéré aux États-Unis. Le NORAID est trop important pour eux, plus psychologiquement que financièrement d’ailleurs. Quand ils vont à Boston, c’est comme s’ils retournaient dans le sein de la mère : toutes les bières qu’on leur offre, ça leur dit qu’ils sont les bons types. Non, je ne crois pas qu’ils supporteraient d’être persona non grata à Boston. C’est le seul point faible de la PIRA et des autres et malheureusement nous ne pouvons pas très bien l’exploiter. Nous avons assez efficacement démantelé la filière des armes, mais maintenant ils les reçoivent presque toutes de l’autre camp. Ou ils fabriquent les leurs. Les explosifs, par exemple. Il suffit d’un sac d’engrais à base d’ammoniaque et on peut fabriquer une bombe respectable. On ne peut pas arrêter un paysan transportant de l’engrais dans son camion, hein ? Pour les pistolets et autre matériel lourd... n’importe qui peut acheter des AK-47 ou des RPG, il en traîne partout. Non, s’ils comptent sur nous, c’est pour un soutien moral et il y a pas mal de gens qui le leur accordent, même au Congrès. Vous vous rappelez la bagarre au sujet du traité d’extradition ? C’est ahurissant. Ces salauds tuent !
Murray s’interrompit un moment.
— Les cinglés de protestants ne valent pas plus cher d’ailleurs. Il suffit que les provisoires descendent un des leurs. Alors la Force des Volontaires de l’Ulster envoie une bagnole dans un quartier catholique et abat le premier objectif commode. Aujourd’hui, beaucoup de meurtres se commettent au hasard. Un tiers peut-être des victimes sont des gens qui se promenaient simplement dans une mauvaise rue. Le système se nourrit de lui-même et il ne reste plus de milieu. A part les flics. Je sais, la RUC c’était aussi des mauvais garçons, mais c’est fini. Sir Jack Hermon essaie de la transformer en force de police professionnelle. Il faut que la loi soit la loi pour tout le monde. La troupe commence à se rallier. Les flics se font abattre par les deux côtés maintenant ; le dernier a été tué par les parpaillots. Une bombe incendiaire sur sa maison... Vous savez, c’est ahurissant. J’étais là-bas il y a quinze jours. Ils ont un moral formidable, surtout les jeunes. Je ne sais pas comment ils font... si, je le sais. Ils ont une mission. Celle de rétablir la justice. Ils sont le seul espoir de ce pays, eux et quelques dirigeants religieux. Le bon sens prévaudra peut-être un jour, mais ce sera long.
— Alors, monsieur le juge ?
L’amiral James Greer coupa le son sur la télécommande, alors que le Cable News Network passait à un autre sujet. Le directeur de la Central Intelligence Agency fit tomber la cendre de son cigare dans un cendrier de cristal.
— Nous savons qu’il est intelligent, James, et on dirait qu’il sait se défendre avec la presse, mais il est impétueux, répondit le juge Arthur Moore.
— Voyons, Arthur ! Il est jeune. Je veux ici un garçon avec des idées neuves. Vous n’allez pas me raconter maintenant que vous n’avez pas aimé son rapport ? Pour un coup d’essai, c’était rudement bon !
Le juge Moore sourit derrière son cigare. Une pluie fine tombait derrière la fenêtre du bureau du directeur adjoint chargé des renseignements de la CIA, au septième étage. Les collines de la vallée du Potomac empêchaient de voir le fleuve, mais il apercevait les hauteurs de l’autre rive à environ deux kilomètres. C’était une bien plus belle vue que celles des parkings.
— Enquête de personnalité ?
— Elle est en cours. Je vous parie une bouteille de votre bourbon favori qu’il en sortira blanc comme neige.
— Pas de pari, James. Ainsi, vous l’en croyez capable ?
Moore avait déjà pris connaissance des états de service de Jack chez les marines. De plus, ce n’était pas lui qui était venu à l’Agence. On était allé le chercher et il avait refusé la première offre.
— Il faudrait vraiment que vous fassiez la connaissance du gamin, mon cher juge. J’ai pris sa mesure en dix minutes, quand il était ici en juillet.
— C’est vous qui avez provoqué la fuite ?
— Moi ? Une fuite ? répliqua l’amiral Greer en riant. Mais c’est quand même bien de savoir comment il sait se tenir. Il n’a même pas cillé en renvoyant cette balle-là. Et il pose de bonnes questions, rappela l’amiral en brandissant le télex de Londres. Emil dit que son agent Murray a été plutôt impressionné, lui aussi. C’est quand même dommage de le laisser gaspiller son temps à enseigner l’histoire. Je le veux, Arthur, je veux l’éduquer, je veux l’entraîner, le préparer. Il est des nôtres.
— Il n’a pas l’air de le penser.
— Ça viendra, affirma Greer avec certitude.
— D’accord, James. Comment comptez-vous l’aborder ?
— Rien ne presse. Je veux une enquête très approfondie sur ses antécédents... et puis qui sait ? Il viendra peut-être à nous de lui-même.
— Aucune chance, riposta le juge Moore.
— Il s’adressera à nous pour avoir des renseignements sur cette bande de l’ULA.
Le juge réfléchit à cette éventualité. Une chose qu’on devait reconnaître à Greer, et Moore le savait, c’était sa faculté de lire au fond des événements et des personnes comme s’ils étaient en cristal.
— Ça se défend, reconnut-il.
— Et comment ! Il faudra un moment, l’attaché dit qu’il doit rester là-bas pour le procès, mais il sera ici, dans ce bureau, quinze jours après son retour, pour demander une occasion d’effectuer des recherches sur cette ULA. Et s’il vient, je renouvelle l’offre, si vous êtes d’accord, Arthur. Je veux aussi parler à Emil Jacobs au FBI et comparer nos dossiers sur ces individus de l’ULA.
— D’accord.
Ils s’occupèrent alors d’autres questions.

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